It’s the law – Respect de la loi aux USA
|Cette petite phrase n’a l’air de rien, mais elle régit beaucoup de choses aux USA et elle entraine pas mal d’incompréhensions pour les Français, touristes ou récents migrants.
Souvent, le premier contact avec ces mots a lieu sur la route ou l’on rencontre le panneau « Buckle up, It’s the law ». Bouclez là, c’est la loi ! Cela ne signifie pas qu’il est interdit de parler !!! Mais qu’il faut mettre sa ceinture. D’ailleurs, un petit dessin aide à la compréhension.
Mais, assez vite, on rencontre à nouveau cet adage dans la vie quotidienne. Lorsque vous demandez une explication sur un point administratif, la réponse st souvent « It’s the law ». Point n’est besoin de comprendre le fondement de la règle : c’est la règle et c’est tout !
Pour un Français, lorsqu’on lui dit « C’est la loi », il a tendance à enchainer avec « Oui, mais … » cherchant s’il n’y a pas moyen de passer outre cette loi. On dirait d’ailleurs, malheureusement, que les lois sont bonnes surtout quand elles s’appliquent aux autres.
Ici, il y a une loi, et il faut l’appliquer ou s’attendre à être sanctionné sans pouvoir discuter.
Mon 1er contact avec « it’s the law » fut lors de l’inscription de mon fils à l’école. Il est né mi-septembre. Or, la date de passage en grade (classe) supérieur est le 1er septembre. Lorsque nous sommes arrivés, il avait bientôt 5 ans et était déjà allé à l’école 2 ans. Aux USA, la scolarité obligatoire commence aux 5 ans révolus le 1er septembre. Or, le 01/09/2010, mon fils avait 4 ans 11 mois et 15 jours ….. pas 5 ans ! Je me suis donc présenté à une Elementary school bien décidé à plaider le cas de mon fiston. Très vite, la personne qui m’a reçu, m’a énoncé la loi floridienne en la matière et émis un refus poli, mais définitif. En bon Français, j’ai commencé à négocier. J’ai reçu un premier It’s the law. Mais en preux chevalier pourfendeur de règlements, j’ai insisté. J’ai donc reçu un It’s the law plus ferme et limite agacé. Cela ne découragea pas le chevalier sûr de sa juste cause !J’ai donc continué à argumenter. Alors, j’ai reçu un « It’s a FEDERAL LAW ! ». Là, j’ai compris qu’il me fallait abdiquer vite. J’ai donc rappelé mes troupes et lancé l’ordre de retraite.
C’était mon premier contact avec cet aspect de la mentalité américaine.
Peu de temps après, j’ai aussi compris qu’il fallait lire la règlementation des lotissements. Je garais mon véhicule dans la rue et non dans l’allée devant mon garage. Mal m’en avait pris : la règlementation de mon lotissement prévoit que les véhicules ne doivent pas être dans la rue entre minuit et 06:00 pour ne pas gêner les véhicules de nettoyage. Je me suis donc levé un matin pour constater la disparition de mon pick-up (quand on arrive, on achète souvent les véhicules typiques Américains, ça fait partie du rêve !!! avant de se rendre compte de la consommation de ces engins…). Un appel au 911 plus tard, je savais que j’aurais du lire ce satané règlement, car ma voiture était en fourrière et je devais $250.00 d’amende.
Ici, il y a des lois, des règles. Il faut les connaitre … et les appliquer sinon, il ne faut pas se plaindre quand on est punis.
J’ai entendu une anecdote ce week-end, moins drôle. Certains touristes, Français entre autres, viennent ici avec peu de moyens. Or la vie est assez vite chère et on est jamais à l’abri d’un imprévu. Ce qui fait que certains ont la tendance à « chaparder » un peu dans les grands magasins. Malheureux !!! Beaucoup de magasins ont mis en place une politique de tolérance Zéro : ce qui signifie que pour un vol, même d’un paquet de chewing-gum, c’est shérif puis prison avec libération sous caution. Pas question de s’en sortir avec un sermon du personnel de sécurité dans l’arrière-boutique du magasin. Et là, ce n’est pas drôle du tout.
Aussi, quand je donne des conseils à des amis qui viennent nous rendre visite et découvrir la Floride, je leur dis clairement : « Si c’est interdit, ne le faites pas ! »
Après trois ans de vie aux Etats-Unis, je dois dire que cette façon de faire me va bien. Si la loi ne vous va pas, battez vous pour faire changer la loi, mais en attendant respectez là ou sinon assumez.
Merci Sylvain!
Il est en effet important pour nous français de nous habituer à cette façon de penser et de fonctionner.
Notre état d’esprit et notre mode de communication français sont implicites et ouvrent la voie à interprétation et donc à négociation. C’est un aspect culturel totalement déroutant pour les Américains qui nous trouvent indisciplinés et râleurs, tout comme la rigidité et l’apparente « absurdité » du mode de pensée américain vis à vis de la loi sont incompréhensibles pour nous français lors de notre première « confrontation » à celles-ci. Ce sont des faits, ces modes de communications sont tous deux à respecter dans leur contexte culturel. L’un n’est pas supérieur à l’autre, ils sont simplement différents.
L’essentiel lorsque l’on est migrant et que l’on veut éviter des impairs et des frustrations, est d’être curieux et de s’informer auprès des résidents locaux afin de comprendre leur mode de communication et de fonctionnement.
Il est vrai que la loi est respectée et appliquée strictement et à la lettre dans les pays anglo-saxons mais aussi en Allemagne. Ces pays ont une culture dite « Low Context », qui s’appuie sur une communication explicite, claire et détaillée qui a pour objectif de ne pas être sujette à interprétation. Ne cherchez donc pas à négocier lorsqu’ un individu vous brandit « it’s the law », vous passeriez pour un chercheur de passe-droit ou un hors la loi et vous risquez de perdre le respect de votre interlocuteur (entre autres potentiels ennuis).
Excellent article, mon cher Sylvain. Très bien vu, et bien écrit (avec juste ce qu’il faut d’humour pour faire passer la pilule.) Il m’a rappelé une autre anecdote: L’arrivée d’une famille d’expatriés français dans la région de Seattle, que je rencontrais régulièrement dans des soirées. Je me souviens du père, récemment arrivé, et jouant à merveille le rôle du Français frondeur et indiscipliné. Conduisant une grosse voiture (décidément…) il se vantait régulièrement d’ignorer les limites de vitesse (trop lentes) et les autres conducteurs américains entre autres (trop sages.) Quelques mois plus tard, je le revois dans une soirée, et il avoue qu’après 3 P.V., sa prime d’assurance avait tellement augmenté qu’il s’était calmé un peu. Notre Français a compris à ce moment là, que « It’s the Law » doit être respecté, et que plus important encore, on ne plaisante pas avec les compagnies d’assurances privées, car, comme nous le savons tous, ce sont elles qui « dirigent » le pays… 🙂 — Veronique (French Girl in Seattle)
Très intéressant et très bien écrit. Je suis complètement d’accord d’ailleurs.